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La procréation médicalement assistée et le statut de l’embryon
Si le statut de l’embryon a fait l’objet de tous temps d’une réflexion philosophique et théologique aux conséquences sociales importantes, celle-ci a été, jusqu’au XIXe siècle, essentiellement abstraite. L’irruption de l’embryon humain in vitro, matérialisé par la naissance de Louise Brown en 1978 et surtout par la constitution d’embryons surnuméraires suite aux travaux de l’équipe australienne de Trounson et Wood sur la stimulation ovarienne, vont donner à cette réflexion un tour très concret. On ne peut ignorer en outre que cette réflexion n’est pas exempte d’arrière-pensées, puisque donner un statut à l’embryon de quelques jours impacte immédiatement le statut du foetus de quelques semaines et donc le droit à l’avortement. On reverra cependant que ce statut, essentiellement basé sur une certaine vision du bien et du mal et de l’ordre social, ne peut reposer sur une analyse scientifique de la reproduction humaine mais doit naître d’un choix de société d’une certaine façon " arbitraire " et éternellement contestable. Cela n’enlève ni le droit ni la légitimité de toute collectivité de préciser ce statut, et il est remarquable que les législations qui nous entourent se gardent bien de le définir. C’est plutôt à travers les procédures de gestion et les règles de fonctionnement que le législateur a dessiné la place de l’embryon, en ne lui donnant ni un statut de personne, ni d’objet. Il n’en reste pas moins que le risque subsiste de voir conférer à l’embryon un statut qui remettrait en cause sa simple caractéristique de stade précoce de notre reproduction, mettant du même coup en danger une liberté reproductive (reproductive choice) chèrement acquise et la liberté de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, un des champs les plus prometteurs de la recherche médicale. Rev Med Brux 2016 ; 37 : 375-8
EN
Assisted reproductive technologies and the embryo status
The status of the human embryo has always be a subject of philosophical and theological thoughts with major social consequences, but, until the 19th century, it has been mainly an abstraction. The arrival of the human embryo in vitro, materialized by Louise Brown’s birth in 1978 and above all by the supernumerary embryos produced by the Australian team of Trounson and Wood following the introduction of ovarian stimulation, will turn theoretical thoughts into a reality. Nobody may ignore the hidden intentions behind the debate, as to recognise a status to a few days old embryo will immediately have a major impact on the status of a few weeks old foetus and therefore on the abortion rights. We will see that the embryo status, essentially based as well on a vision on the good and evil as on social order, cannot be based on a scientific analysis of the reproduction process but comes from a society’s choice, by essence " arbitrary " and always disputable. This does not preclude the collectivity right and legitimacy to give a precise status and it is remarkable to observe the law is careful not to specify which status to give to the human embryo. It is more thru handling procedures and functioning rules that the law designed the embryo position, neither with a status of a person, nor of a thing. It nevertheless remains true that there is a constant risk that the legislation gives the embryo a status that would call into question it’s unique characteristic of early reproductive stage, jeopardizing at once the hard-won reproductive freedom (reproductive choice) as well as freedom of research on embryonic stem cells, one of the most promising field of medical research. Rev Med Brux 2016 ; 37 : 375-8